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Quel enseignement tirer du départ de Peter Phan ?

Envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs, Peter Pham change de région. Ses talents de diplomate sont désormais utiles pour le Sahel, région en proie à des attaques djihadistes affectant principalement le Mali, le Niger, le Burkina Faso, tout comme, par effet d'entraînement, le Nigeria et le Tchad menacés déjà par Boko Haram.

Premier enseignement à tirer : l'homme doit avoir des dons particuliers pour des zones troubles. Peut-être que c'est en raison de ses origines vietnamiennes.  Son départ serait-il un signal de l'amélioration de la situation sécuritaire dans les Grands Lacs, en réalité à l'Est de la RDCongo ? Probablement.

En effet, selon le président de la société civile de Beni ville et Beni territoire intervenant sur Top Congo fm ce lundi 9 février 2020, il y a de moins en moins de tueries massives dans cette partie du pays. Preuve, si besoin est, que la décision du Président Tshisekedi d'installer le QG avancé des Fardc au Nord-Kivu commence à produire des effets escomptés.

Il faut cependant admettre que la désignation de Peter Pham par Washington dans les Grands Lacs aura été une "erreur" stratégique dans la mesure où ce diplomate fait partie des lobbyistes américains pro-démembrement du Congo, lobbyistes convaincus que notre pays est trop grand pour être gouverné. En plus, on le soupçonne d'être pro-Kagame, ce qui, dans le contexte actuel, n'est pas pour lui faciliter la tâche. Sa mission ne pouvait pas être facile.

L'Histoire retiendra que lors de sa dernière visite à Kinshasa, il a rencontré le Président Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila.

Dans une interview à Top Congo fm le 13 février dernier, Peter Pham a donné des raisons pour lesquelles l'Administration américaine ne coopère pas avec la RDCongo au plan sécuritaire en ce qui concerne l'Est. "...nous sommes limités dans ce que nous pouvons faire dans le cadre sécuritaire et militaire parce que les personnes sanctionnées, même les généraux, restent encore dans les Forces armées de la RDCongo. Et le fait que ces personnes y restent, nous sommes limités dans la collaboration possible", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : " Je voudrais dire en d'autres termes que si ces personnes aiment réellement leur pays, s'ils veulent une collaboration militaire, qu'ils puissent aller à la retraite et laisser la place a d'autres personnes qui ont des mains propres ".

Si de son tête-à-tête avec le premier, on sait par exemple qu'il a été question de lutte contre la corruption et d'implantation de la firme américaine GE (General Electric) en RDCongo, de celui avec le second rien n'a filtré.

Au moment où Washington et Kinshasa sont en plein renforcement de leurs relations, il n'est pas exclu que la Maison Blanche ait cherché à envoyer un message subliminal au Palais de la Nation (ou à la Cité de l'Union africaine) dans le sens de tourner la page "Zaïre No Etat". Pour rappel, cette page avait préconisé depuis 1996 le démembrement du pays et le rattachement de certaines provinces de l'Est à des États voisins : le Sud-Kivu à la Tanzanie et au Burundi, le Nord Kivu au Rwanda et à l'Ouganda, l'Ituri à l'Ouganda etc.

Les observateurs avisés l'auront constaté : la guerre de l'Afdl déclenchée en 1996 a fait des " petits" via le Rcd, le Mlc, les Maï-Maï, le Rcd-Kml et le Rcd-N dans un premier temps, et la bonne cinquantaine de groupes armés s'affichant pour la consommation populaire  nationaux, mais en réalité défendant des intérêts plutôt communautaires.

Autant que l'Armée nationale (Fardc), l'Armée internationale (Monusco) n'ont pas eu la tâche facile pour appliquer l'Accord de Lusaka signé en 1999 et visant la neutralisation des groupes armés étrangers. Dont les Adf-Nalu, la Lra et surtout les ex-Far et milices Interhamwe devenus Fdlr.

L'impression à se dégager est celle de la complicité de la communauté internationale dans l'insécurité qui prévaut à l'Est. Certes, les États-Unis conditionnent leur soutien militaire au retrait des officiers soupçonnés d'abus et  sanctionnés par leur administration. On sait - juste un exemple - que Peter Pham s'est réjoui de la suspension du général Delphin Kahimbi, et ce dernier a été retrouvé mort deux ou trois jours après. C'est-à-dire au moment où l'envoyé spécial américain pour les Grands Lacs était fin mission.

A quoi faut-il s'attendre maintenant qu'il est parti ?

De deux choses l'une : soit le fruit (de la balkanisation) est mûr et s'apprête à tomber. Ce qui explique l'agitation actuelle de la part des forces politiques et sociales "provinciales". Suivez mon regard.  Soit Washington réalise le non-sens de sa persévérance dans l'erreur, les Congolais - malgré leur pauvreté - ayant démontré leur résistance, leur résilience face à la menace de démembrement de leur pays, comme relevé dans une récente livraison.

A ce stade, il est indiqué de mettre en exergue l'exhortation du Président Félix Tshisekedi aux Congolais selon laquelle "...ce que je constate chez les Congolais, c'est qu'il y a beaucoup d'émotion, beaucoup de lamentations. Nous ne sommes pas suffisamment froids, suffisamment objectifs en disant : 'arrêtons nos divisions inutiles, arrêtons nos ".

Deuxième enseignement à tirer du départ de Peter Pham : s'il le veut, le Congolais peut surprendre et convaincre d'être dans son bon droit. Puisse ce message subliminal être saisi 5 sur 5 par Kinshasa.



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